Bientôt Noël !

Simon's cat

Eh oui ! C'est bientôt Noël ! Pour patienter, je vous offre cette histoire  que j'ai écrite il y a quelques années. J'espère qu'elle vous plaira et vous surprendra.

Gaspard. Un conte de Noël.

Gaspard n'était pas un lutin comme les autres. Beaucoup de ses amis vivaient dans des maisons, des endroits bien cachés d'où ils sortaient pendant le nuit pour faire des farces ou aider aux travaux domestiques des personnes chez lesquelles ils vivaient. Non ! Gaspard avait depuis longtemps quitté cette existence puisque, depuis de très longues années, il travaillait pour le Père Noël ! N'allez pas croire que je mens, loin de là. Le Père Noël existe bel et bien et des lutins (ou des elfes, appelez-les comme vous voudrez) travaillent avec lui. Je vous assure que c'est la vérité ! Bref ! La question n'est pas de prouver l'existence du Père Noël. Revenons au sujet qui nous intéresse, à savoir Gaspard.

Gaspard n'était donc pas un lutin comme les autres. Il était le bras droit du Père Noël ! Il devait s'occuper de tout ce qui était important dans la préparation et la distribution des cadeaux. A lui de vérifier que tout était en ordre avant le départ du Père Noël. L'un de ses principales fonctions, et probablement la plus sérieuse, était de vérifier que les cadeaux envoyés aux enfants correspondaient bien à leur demande. Imaginer qu'un petit garçon qui a demandé un camion de pompier avec une sirène qui fait pimponpimpon reçoive la poupée qui dit maman destinée à sa voisine. Ce serait tragique et indigne du Père Noël ! Gaspard avait énormément de responsabilités et il en était très fier. Le Père Noël ne confiait pas de telles fonctions à n'importe qui. Gaspard avait longtemps été une « petite main » puis, à force de travail, il avait acquis de nombreuses compétences qui lui avaient permis de postuler à ce poste et il avait été reçu haut la main avec toutes les félicitations du Père Noël. Bien entendu, Gaspard n'est pas seul à gérer ce travail. Il dirige une petite équipe de quatre lutins, triés sur le volet, que Gaspard avait lui-même choisis. Il avait personnellement travaillé avec eux et connaissait les compétences de chacun. L'équipe se composait de Dawn, d'Errol, de Tamnar et de Loménie. Tamnar avait été choisi pour sa rigueur. Ce lutin était une force de la nature, il ne se laissait pas marcher sur les pieds et n'était pas du genre bavard mais c'était un excellent compagnon qui fournissait toujours un travail impeccable. Contrairement à lui, Errol aimait rigoler et faisait sans cesse des farces. Avec lui, c'était tous les jours le premiers avril ! Gaspard l'avait choisi en partie pour cette raison. Même si son travail s'en faisait parfois ressentir, Errol manquant un peu de rigueur, il était le boute-en-train de l'équipe et il savait mettre de l'ambiance. Loménie, quant à elle, savait choisir les cadeaux en fonction des demandes. Elle avait très bon goût et connaissait parfaitement les envies des enfants puisqu'elle avait longtemps travaillée dans des familles nombreuses, des écoles, des orphelinats, des pensionnats ... Depuis toujours, elle avait été en contact avec des enfants et, par conséquent, elle les connaissait parfaitement. Dawn était la plus jeune de l'équipe, à peine deux cents ans. Elle était dynamique, toujours prête à aider tout le monde. Elle débutait dans le métier et avait encore beaucoup à apprendre mais son travail était prometteur, même si elle était un peu tête en l'air, oubliant parfois ce qu'on lui avait demandé de faire. Ces quatre personnalités formaient une redoutable équipe accomplissant un travail formidable.
Noël approchait et tout était fin prêt. Tout au long de l'année, certains lutins fabriquaient nounours, poupées, petites voitures, puzzles, jeux de sociétés, mais aussi des objets dont la fabrication exigeait plus de technique : robots, consoles et jeux vidéo ... Après cela, les jouets étaient emballés, étiquetés et stockés dans d'immenses entrepôts en attendant les lettres de enfants. A la réception du courrier, les jouets étaient répartis selon les demandes puis classés par destination. Gaspard et son équipe, grâce à leur ordinateur, vérifiaient alors que les demandes avaient été satisfaites et rectifiaient ce qui n'allait pas. C'était parfois drôle de les voir s'activer dans tous les sens. Il arrivait, par exemple, qu'un jouet se glisse dans un mauvais colis. Il fallait alors récupérer le colis, l'ouvrir, remettre le bon jouet, le refermer et le remettre à sa place dans les piles. Difficile quand il s'agissait du dernier colis, rangés sous, parfois, une centaine d'autres paquets !
En cette année ****, les jouets étaient prêts ; les lutins n'attendaient plus que le courrier des enfants. Il commença à arriver début novembre. En effet, la fête d'Halloween à peine passée et les bonbons mangés, les enfants pensent déjà à Noël et à leurs cadeaux. Les premiers sacs postaux arrivés, Gaspard réunit son équipe et l'ouverture des lettres put commencer. Mais cette année, une surprise les attendait ! Surprise dont ils se seraient passés car elle allait entraîner de nombreux problèmes.
Fébrile, Gaspard ouvrit la première lettre. Elle avait été écrite d'une main malhabile par un petit garçon de huit ans qui disait avoir été très sage toute l'année. Gaspard lut attentivement ce courrier puis, relevant la tête, il regarda son équipe d'un air perplexe :
- Mes amis, ce petit garçon ne veut rien d'autre que ... Sa phrase resta en suspens quelques instants. Rien d'autre que des livres !
- Des livres ? reprit Errol d'un air un peu dégoûté. Quelle idée ? Il devrait demander des costumes, des masques, du faux vomi, des coussins péteurs, des ...
- Stop, Errol ! C'est Noël, ce n'est pas carnaval ! lui rétorqua Dawn. Et puis, toi, tu n'as pas besoin de masque, tu as déjà une tête de troll. Errol, tête de troll ! Errol, tête de troll ! 
- Arrête de me charrier, Dawn. Tu t'es vu avec tes grands pieds. Tu ...
- Oh, ça suffit tous les deux ! cria Gaspard. Ce n'est pas le moment, c'est sérieux.
D'un même mouvement, Dawn et Errol baissèrent la tête. Ils adoraient se chamailler mais leurs propos n'étaient jamais méchants. Ils aimaient se lancer des petites piques, c'était leur façon de se dire qu'ils s'appréciaient.
- Où est le problème, Gaspard ? demanda Loménie. Nous avons ce qu'il faut. C'est vrai que de ce côté, nous n'avons pas grand-chose puisque les enfants demandent rarement des livres. Quel genre de livres veut ce petit garçon ?
- Voyons ! Gaspard se replongea dans la lettre. Il ne demande pas de titres précis. Il veut des ouvrages sur les dinosaures, les mammifères marins et les chevaliers.
- Nous avons ça. Nous devons pouvoir lui trouver son bonheur, lui répondit Loménie.
- Oui, je sais, reprit Gaspard. C'est juste que c'est tellement rare qu'un enfant ne demande que des livres !
Tamnar lui donna alors un coup de coude dans les côtes et lui tendit les lettres qu'il venait de décacheter. Gaspard les parcourut rapidement. Un frisson le secoua et il se figea. Loménie lui arracha alors une lettre des mains, suivie dans son geste par Dawn et Errol. Dans toutes leurs lettres, les enfants, quelque soit leur âge et leur lieu d'habitation, demandaient des livres. Voici quelques exemples des souhaits des enfants :

Cher Père Noël,
Cette année, j'ai été très sage alors je te demande plein de cadeaux . Je voudrais des livres. Je te donne les références pour pas que tu te trompes :
  • Le Chevalier d'Argent de Julien Protheselaus (je crois que ça s'écrit comme ça). Ça parle d'un chevalier qui a une super armure. Il y a un princesse trop jolie et un dragon. Mon copain Maxime, il l'a et il m'a dit que c'était trop bien alors je le veux absolument.
  • Le premier volume de la Trilogie d'Horus qui s'appelle l'Amulette d'Horus de Laurence Hangar. Ça se passe en Égypte au temps des Pharaons et j'adore cette période de l'Histoire. Alors pour aller avec, je voudrais un documentaire qui s'appelle La Vie au Temps des Pharaons, il y a plusieurs auteurs mais je sais que que l'éditeur c'est Bordures Jeunesse.
  • Je voudrais aussi une bande dessinée qui s'appelle L'Empreinte de mes Pas de Patrick Ronce. C'est l'histoire d'une petite fille qui vit au Népal et il lui arrive des tas d'aventures.
Voilà, en attendant, je te fais des gros bisous. J'espère qu'il ne fait pas trop froid là où tu habites. Merci
Richard, 10 ans ¾.

Et Cette autre :

Cher Père Noël,
Je t'écris pour moi et pour mon petit frère; Il a cinq ans il ne sait pas trop bien écrire alors je fais la lettre pour nous deux.
Pour moi, je voudrais :
  • Contes sur le Monde, c'est un volume très gros avec plein de contes du monde entier. En plus, on trouve de nombreuses illustrations avec des couleurs très belles. Les auteurs, c'est Christiane et Yves Philosos.
  • Trois Filles et un Débardeur d'Alain Washington. Si c'est possible, je voudrais bien avoir les huit volumes.
Pour mon petit frère :
  • Pongo la Baleine de Maurice Brouillard. C'est l'histoire d'une baleine qui vit dans un océan et il a pleins d'amis, surtout des poissons. Mais, un jour, un vilain poisson commence à mettre le bazar dans l'océan, il le pollue. Alors la baleine et ses amis vont devoir lui faire comprendre qu'il ne pas continuer comme ça.
  • Le Petit Épervier de Vincent Enahel. C'est un livre sans texte mais avec de superbes images. En fait, c'est au lecteur de créer son histoire à partir des illustrations.
Pendant que je pense, si tu pouvais amener pour ma maman, Nom de Code Léonard de Stan Black. Elle ne lit pas beaucoup mais la maman de ma copine Julie l'a lu et a trop aimé. Et pour papa, un livre de cuisine parce qu'il aime faire à manger mais souvent c'est un peu raté.
Merci d'avance. Fais attention à toi sur la route
Elma, presque 9 ans.

Gaspard et ses compagnons parcoururent encore d'autres lettres. Elles étaient toutes faites sur le même modèle ; tous les enfants voulaient des livres. Gaspard était perplexe , il ne savait pas ce qu'il convenait de faire dans un tel cas. Les lutins avaient fabriqués quelques livres mais pas assez pour fournir tous les enfants. Même si, chaque année, des enfants demandaient des livres, la plupart du temps ils voulaient des jouets. Et cette année, c'était le contraire. Quasiment tous les enfants demandaient des bouquins ! Il leur fallait réagir et vite. Gaspard réunit alors une cellule de crise. Tamnar, Dawn, Loménie et Gaspard s'installèrent donc sur les canapés moelleux du grand salon. Cette pièce avait une atmosphère particulière. Plongé dans la pénombre et rempli de vieux meubles en bois, ce lieu respirait le calme et la tranquillité. Les murs, recouverts de grands tentures rouges, ne laissaient passer aucun son. Pour cette raison, Gaspard aimait s'y installer quand il avait besoin de réfléchir à un problème. C'était là aussi, chaque année après Noël, qu'ils se réunissaient avec le Père Noël pour faire le point. Après s'être assuré que personne ne viendrait les déranger, Gaspard prit la parole :
- Mes amis, je crois que la situation est grave. Il nous faut trouver au plus vite une solution. Comme vous le savez, nous n'avons pas assez de livres pour satisfaire les demandes des enfants. Pourtant, ils comptent sur nous. Le problème, c'est qu'avec les livres, la fabrication est un peu différente de celle des autres jouets. Il nous faut des modèles pour pouvoir en imprimer de nouveaux. Il va donc falloir nous rendre dans les villes, les bibliothèques, les librairies pour aller chercher un exemplaire de chaque livre qu'on nous demande.
- Nous n'aurons jamais le temps, rétorqua Loménie. En temps normal, nous n'aurions pris que quelques livres à chaque fois, nous les aurions reproduit et les aurions ramenés et pris d'autres. Ainsi, les humains ne se rendent compte de rien. C'est toujours ainsi que nous procédons pour les livres. Mais là, nous n'avons pas assez de temps.
- Pourquoi on s'embête ? renchérit Errol. Nous n'avons qu'à leur apporter des jouets comme tous les ans. Je suis sûr que les enfants seront contents qu'en même et ...
- Ne sois pas stupide, Errol, le réprimanda Dawn. Gaspard l'a dit, les enfants comptent sur nous. Le Père Noël ne doit pas les décevoir. En plus, je ne crois pas que si le Père Noël apprend que nous n'avons pas respecté les demandes des enfants, il sera très contents de nous.
- Dawn a raison, ajouta Tamnar qui ouvrait la bouche après de longs jours de silence. Et je ne crois pas que tu veuille voir le Père Noël en colère.
- Mais non, c'était pour vous faire marcher. C'était une blague ! se rattrapa Errol. Il fixa son attention sur Gaspard qui était plongé dans ses pensées. Gaspard ? appela Errol. Ça va ?
Gaspard releva la tête brusquement et regarda tour à tour ses compagnons :
- Je crois que j'ai une solution. Elle vaut ce qu'elle vaut mais il faut qu'on essaye. Il va nous falloir être rapide et sûrement aussi demander de l'aide. Voilà ce que nous allons faire : nous allons aller chercher les livres, les prendre deux ou trois jours et les ramener ...
- Mais ç a va nous créer des problèmes ! paniqua Dawn. Les humains ne vont pas comprendre si tous les livres disparaissent comme ça !
- Je sais, reprit Gaspard. Mais je crois que nous n'avons pas le choix. J'en parlerais au Père Noël dès qu'il reviendra de sa promenade. Pendant ce temps, tous les trois vous allez établir une liste des livres que veulent les enfants.
Les quatre lutins se séparèrent sur ces mots, chacun anxieux de la façon dont commençait ce Noël en cette année ****.

Après quelques minutes passées avec le Père Noël, Gaspard ressortit de son bureau avec son approbation. L'opération « des livres pour Noël » commença alors. Alors Tamnar, Dawn et Errol établissaient une liste exhaustive des livres de mandés par les enfants, le Père Noël se chargeait d'appeler des renforts. Pour cela, il contacta le plus grand ,ombre de lutins possible en leur demandant de quitter pour un temps leurs cachettes et de venir leur prêter main forte. Au départ, certains furent réticents ; ils ne voulaient pas abandonner les humains qui ne parviendraient pas à se débrouiller sans eux. Mais, après leur avoir expliquer la situation et décrit la peine des enfants s'ils ne trouvaient rien dans leurs chaussures le jour de Noël, les lutins acceptèrent de bon cœur. De plus, ils étaient secrètement fiers que le Père Noël ait besoin d'eux ;chaque lutin rêve de faire partie, un jour, de l'équipe du Père Noël. Pendant ce temps, Gaspard, grâce à l'aide d'une grande carte du monde, établissait une liste de villes, avec de petites bibliothèques et librairies, à visiter. Il préférait choisir de petites villes pour pouvoir passer inaperçu et espérait qu'ainsi, le « vol » des livres n'aurait pas un retentissement mondial. En une nuit, avec son équipe, il lui faudrait faire des milliers de kilomètres, ce qui n'était pas vraiment un souci grâce au traîneau du Père Noël, et récupérer le maximum de livres. Le problème majeur allait être de garder les livres un minimum de temps et de les fabriquer le plus rapidement possible.
Le soir, tout fut finalement prêt. Gaspars s'installa aux commandes du traîneau et les trois lutins s'installèrent à l'arrière. Les rennes avaient eu connaissance de l'itinéraire, il n'y avait plus qu'à partir. Des milliers de lutins étaient réunis sur la plateforme de départ autour du Père Noël qui souhaita une dernière fois bonne chance à son équipe. Pourvu que tout se passe bien, songea-t-il en regardant s'éloigner les quatre lutins.

Une surprise attendait nos lutins à leur arrivée à la première bibliothèque de leur liste. C'était le début de la nuit, quelques voitures circulaient encore ; il leur faudrait se faire le plus discret possible. Gaspard posa le traîneau derrière la bibliothèque, dans un endroit qui n'était pas visible de la route puis pénétrèrent dans la bibliothèque. C'était une petite bibliothèque située sur une butte, ce qui lui donnait l'impression de dominer la ville. Le rez-de-chaussée regroupait toute la littérature, les livres pratiques ainsi que le bandes dessinées pour adultes. Quant à l'étage, il était entièrement réservé aux enfants. Tapissé de couleurs douces et rehaussé d'affiches aux couleurs vives, le rayon enfant invitait au bonheur de lire.
Dans le noir, Gaspard et son équipe montèrent les marches en silence. Seule la lune, filtrant à travers les volets, leur permettaient d'y voir un peu clair. Mais qu'elle ne fut pas leur surprise quand ils arrivèrent en haut de l'escalier. Le rayon enfant était totalement vide ! Les rayonnages étaient désertés et prenaient la poussière. Pas un seul album dans les bas réservés aux petits ; pas un seul roman, pas un seul livre d'histoire ou de science dans les bacs autrefois pleins ! Tamnar, Dawn et Loménie se tournèrent vers Gaspard, qui restait immobile, bouche bée. Tamnar se dirigea alors vers le bureau et alluma l'ordinateur de la bibliothécaire. Il consulta les fichiers et se rendit compte que tous les livres étaient sortis. Les enfants avaient empruntés tous les ouvrages disponibles dans cette bibliothèque C'était donc vrai, les enfants étaient réellement bien prit d'une frénésie de lecture. Tamnar informa ses compagnons et ils décidèrent de continuer leurs recherches :
- Continuons ! Nous allons trouver ailleurs ; nous avons encore beaucoup d'endroits à visiter ...
- Mais si c'est partout pareil, Gaspard ? Après tout, puisque les enfants adorent lire à présent, puisqu'ils n'ont l'air de ne faire que ça ! s'inquiéta Loménie.
- Non, ne t'inquiète pas ! la rassura Gaspard. Ici, c'est une petite bibliothèque et il y a surement beaucoup d'enfants. Allons, retournons au traîneau et reprenons la route.
Ils se dirigèrent vers la librairie de la ville voisine. Nouvel échec ! La librairie, dont le sous-sol était réservé aux enfants et aux adolescents, était, tout comme la bibliothèque, vide ! Seuls quelques jeux de société en bois et de rares doudous gisaient sur les tables de présentation. S'en était triste à voir ! Gaspard, Tamnar, Dawn, Errol et Loménie firent ainsi le tour de tous les lieux répertoriés sur leur liste, en vain. Au petit matin, avant de rentrer, ils décidèrent de passer dans de grandes bibliothèques et librairies. Les lieux étaient déserts !

Le Père Noël les accueillit à leur arrivée, un grand sourire au lèvres :
- Vous voilà enfin ! leur lança-t-il en s'avançant vers eux. Je suis heureux de vous savoir de retour. Alors, vous avez trouvé ; les lutins sont prêts à commencer, chacun est à son poste.
En l'espace d'une seconde, son visage se décomposa quand il vit le traîneau vide. Ses yeux se ternirent, sa bouche s'affaissa ; il resta immobile, les bras ballants. Il fixait le traîneau sans comprendre. Gaspard l'entraîna à l'écart et lui expliqua la situation :
- C'est une catastrophe, cria le Père Noël. Comment allons-nous faire ?
Les lutins apparurent alors à la porte, attirés par les cris du Père Noël. Chacun parlait à voix basse, inquiets ; ils venaient de voir le traîneau. Devant la peine du Père Noël, qui semblait incapable de parler, et l'agitation de ses milliers de compagnons, Gaspard prit la parole pour leur expliquer la situation :
- Mais ne vous inquiétez pas, conclut-il, nous allons trouver une solution. Le jour où le Père Noël ne pourra pas satisfaire les demandes des enfants n'est pas encore venu ! Je voudrais que chacun réfléchisse à un moyen de nous sortir de cette situation. Si vous avez des idées, n'hésitez pas! Même si elle vous paraît stupide ou irréalisable, venez nous voir et nous verrons ce que nous pouvons en tirer. Surtout, il ne faut pas se désespérer sinon nous n'arriverons à rien ! Il nous reste peu de temps alors que chacun fasse fonctionner ses méninges !
Un peu rassurés par les paroles de Gaspard, les lutins rentrèrent dans l'atelier et chacun s'installa dans un coin calme pour réfléchir..
Gaspard et ses amis se réunirent dans le grand salon ; ils restèrent de longues minutes dans le silence le plus total. Puis, après avoir longtemps hésité, Errol regarda tour à tour ses amis et dit :
- Je sais que la dernière fois, vous ne vouliez pas en entendre parler mais mon idée d'offrir quand même des jouets n'est peut-être pas si mal à présent.
- Cesse de dire des âneries, Errol ! Le coupa Loménie. C'est stupide et tu le sais. En plus, ce n'est vraiment pas le moment de plaisanter !
- Je sais ! Et je ne rigole pas. Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? s'énerva Errol.
Dawn soupira à la phrase d'Errol pendant que Tamnar émettait un petit grognement d'énervement. Il regarda Errol de travers mais ne dit pas un mot. Le silence était revenu dans la pièce quand on frappa à la porte. Un petit lutin, portant un bonnet vert et rouge bien trop grand pour lui, passa doucement la tête dans l'encadrement de la porte. Il ne devait pas avoir plus de cinquante ans.
- Entre, lui dit Gaspard.
- J'ai pensé à quelques chose mais je crois que c'est stupide ! marmonna le petit lutin, en regardant ses pieds. Et si ... Enfin voilà ... Si on reculait la date de Noël. Ça nous laisserait plus de temps et ... Oh, non ! C'est stupide ! Il se donna une tape sur la tête et disparut.
- Pas si mauvaise comme idée, déclara Errol.
- De toute façon, bonne ou mauvais idée, la date de Noël ne dépend pas de nous. Pour cela, il faudrait s'adresser beaucoup plus haut et je crois que cela causerait plus de problème que ç a n'amènerait de solution.
- Je sais, Loménie, mais ...
- Tais-toi et réfléchis, Errol ! le coupa Dawn.
Des coups résonnèrent à nouveau contre la porte. Un très vieux lutin, s'appuyant sur une canne, entra dans le salon et fit face à Gaspard :
- J'ai pensé à quelque chose. Effectivement, ce n'est pas ce que les enfants attendent du Père Noël mais, après tout, pourquoi pas. On pourrait peut-être amener des sortes de bons, des tickets aux enfants. Ça nous laisse du temps pour fabriquer les livres et quand nous aurons terminé, on entrepose les livres dans de grands hangars, un peu partout dans le monde et les enfants viendraient retirer leurs cadeaux un peu plus tard. Ils n'auront pas leurs cadeaux le jour même mais ils sauront qu'ils les auront, même si c'est quelques semaines après. Je vous laisse réfléchir. Peut-être aurais-je une autre idée.
Le vieux lutin sortit en boitant. Au fond de lui, il savait que ce n'était pas une solution. Le Père Noël ne peut pas descendre chez les enfants avec de bêtes bouts de papier. Aucun des cinq lutins ne prit la parole à la sortie du vieillard. De longues heures s'écoulèrent encore ; le désespoir les gagnait peu à peu. Tout le monde avait beau se creuser la cervelle, personne ne trouvait de solution valable. Quelques heures auparavant, Dawn s'était installée près ds l'immense fenêtre qui donnait sur ce qu'on appelait les « plaines éternelles », couvertes de neige à cette époque de l'année. Elle semblait rêver, son regard perdu au-delà de l'horizon, quand elle se leva brusquement pour venir s'asseoir sur le long canapé mauve, en face de ses amis :
- J'ai la solution. Nous aurions dû y penser avant d'ailleurs. Les quatre lutins la fixèrent avec attention. Nous devions prendre les livres dans les bibliothèques et les librairies mais les livres n'y sont plus. Alors ? Vous ne voyez pas ? Où faut-il aller les chercher, à votre avis ? Allez, c'est simple ! ... Directement chez les enfants ! D'accord, cela sera plus difficile. Il faudra faire très attention à ne réveiller personne. Mais sinon, l'idée est la même qu'avant. Nous prenons les livres quelques jours, fabriquons d'autres exemplaires et les ramenons. Puis, le jour de Noël, nous pouvons honorer nos commandes.
Décidément, Gaspard se félicitait d'avoir prit Dawn dans son équipe. Elle était jeune mais vraiment prometteuse. Elle venait de la prouver une fois de plus.
- C'est vrai ! Des livres qui disparaissent chez les enfants en pleine nuit, ça risque de faire du bruit chez les humains mais, après tout, pas plus que leurs disparitions dans les bibliothèques et les librairies, poursuivit Dawn.
- Tu as raison, Dawn. En plus, c'est la meilleure idée depuis des heures, la félicita Gaspard. Préparez-vous, nous partons dès la tombée de la nuit. Je vais informer le Père Noël et les autres lutins de notre idée.
Ils partirent donc tous les cinq, comme ils l'avaient fait la veille. Les lutins s'étaient à nouveau regroupés autour du Père Noël et tout le monde leur souhaita bonne chance. Peu de temps après leur départ, ils se posèrent sur un premier toit. C'était une sensation bizarre pour eux ; cela était réservé au Père Noël en temps normal. Aucun lutin n'était autorisé à monter sur les toits. Le Père Noël faisait toujours sa tournée seul, il n'avait pas besoin d'aide pour ce travail. Et puis, livrer les cadeaux aux enfants était son plus grand plaisir et, sans être égoïste, il tenait à le faire seul. Les lutins pénétrèrent alors dans la chambre du premier enfant. Quelle ne fut pas leur surprise de constater qu'elle était remplie de livres. Les jouets avaient été fourrés tant bien que mal dans une grosse malle et les livres avaient pris possession du territoire. Il y en avait partout : par terre, sur le bureau, sur et dans la table de chevet et même sur le lit. C'était un spectacle incroyable !
Rapidement et sans faire de bruit, les lutins remplirent leurs sacs avec les livres et s'éclipsèrent sur la pointe des pieds. Il reproduisirent cette opération à de nombreuses reprise cette nuit-là, en découvrant toujours le même spectacle dans les chambres des enfants. Pas étonnant qu'il n'y ai plus rien dans les bibliothèques et les libraires !
Ils rentrèrent, le sourire aux lèvres. Ils allaient pouvoir commencer la fabrication et l'emballage. Il ne restait plus qu'à espérer qu'ils y parviendraient dans les temps et que la disparition des livres ne fasse pas trop de bruit. A leur arrivée, le Père Noël était dehors, toujours entouré des milliers de lutins, comme si personne n'avait bougé de toute la nuit. Quand ils virent arriver le traîneau plain à craquer, ils hurlèrent de joie et se mirent à applaudir. A peine descendus, le Père Noël prit les cinq lutins dans ses bras et les serra de reconnaissance. Il pleurait de joie.
Mais il n'y avait pas une minute à perdre et déjà, certains lutins déchargeaient le traîneau. A ce signal, tout le monde alla à son poste et le travail commença. Pendant des jours et des nuits, les lutins travaillèrent avec acharnement. Au fur et à mesure, Gaspard et ses compagnons ramenaient les livres chez les enfants. Bien entendu, l'histoire fit du bruit chez les humains. Qui avait bien pu venir voler des livres dans les chambres mêmes des enfants, au cours d'une même nuit, pour les rapporter quelques jours plus tard ? Une enquête fut ouverte mais elle ne déboucha sur rien de concluant. Elle fut classée quand tous les enfants se rendirent compte que leurs livres leur avaient été restitués.
Ce Noël ne fut pas un Noël comme les autres. Cette histoire allait se raconter de générations en générations chez les lutins et ceux qui la narreraient, diraient leur fierté d'avoir prit part à un défi aussi grand. Les années suivantes, les livres avaient toujours une très belle place sur les listes des enfants même si ceux-ci redemandaient des jouets. Le Père Noël trouvait que c'était mieux ainsi. Après tout, ce n'est jamais bon de donner une trop grande place à une activité au détriment d'une autre. Les enfants avaient bien le temps de lire et de jouer sans que l'un prenne le dessus sur l'autre. Quant à Gaspard et à ses amis, ils se rappelleraient toujours ce Noël de l'année **** !

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