Li, la licorne sans corne - épisode 3

Troisième et avant-dernier épisode de Li :

Pleine d'espoir, Li galopait pour arriver au plus vite en haut de la montagne. Elle était impatiente de rencontrer le vieux sage qui répondrait à ses interrogations. Oubliant la fatigue et la douleur de ses blessures, elle courait à perdre haleine. La nuit tombait quand elle arriva en vue de la grotte. Le silence était si lourd que Li se demanda si Alvin ne lui avait pas joué un sale tour et si le vieux sage existait vraiment. Elle s'approcha, tendit le cou et appela doucement :
- Il y a quelqu'un ?
Puis, plus fort :
- Vieux sage ? Vous êtes là ?
Une grosse voix s'éleva alors du fond de la caverne :
- Qui vient troubler mon repos ? Qui ose me déranger ?
Li ne savait pas si elle devait répondre ou prendre ses pattes à son cou, mais elle se dit qu'elle n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. Elle voulait une réponse et dit :
- Je m'appelle Li. C'est Alvin qui m'a parlé de vous. Il m'a dit que vous saviez tout et que vous répondriez à mes questions. S'il vous plaît, j'ai besoin de votre aide. 
Li avait à peine fini sa phrase que le sol trembla sous ses pattes. Des petits cailloux roulèrent le long de la pente et Li resta bouche bée, les yeux fixes. A mesure que les bruits se rapprochaient, le coeur de Li battait de plus en plus fort. Elle entendit alors la même voix mais en beaucoup plus douce. - Alors comme ça tu t'appelles Li ! C'est un joli nom pour un petit cheval.
Li resta stupéfaite devant celui qui venait d'apparaître devant elle. Elle en oublia même de répondre face à ce qu'elle considérait comme une insulte. Elle n'avait aucune envie de se mettre en colère face à cet ours énorme, aux dents pointues et aux griffes acérées.
- Ne tinquiète pas. Je ne vais pas te manger. Je n'ai encore mangé personne qui soit venu me demander conseil. Mais si tu veux que je t'aide, il va falloir parler ... Qu'est-ce qui t'amène ?
Li tenta de se calmer, respira calemement et saisit sa chance. Bafouillant un peu, elle dit :
- Je ... Je voudrais savoir quand ma corne va pousser ? Va-t-elle pousser toute seule, un livreur doit-il me l'apporter ou me faut-il une graine ?
Perplexe, l'ours l'observva quelques instants, qui semblèrenr une éternité à Li et répondit :
- Une corne ? Pourquoi veux-tu une corne ? 
- Parce que je suis une licorne, répondit Li, oubliant sa peur. Tout mes amis en ont une mais pas moi. Je veux être comme les autres. 
- Pourquoi voudrais-tu être comme les autres ? Tu es toi et c'est très bien comme ça. Regarde-moi, je suis un ours, plus grand que n'importe quel autre ours. Certains ont peur de moi, pourtant je ne suis pas méchant. Je n'y peux rien, je dois accepter et tu dois t'accepter telle que tu es. 
- Oui, mais je viens du pays des licornes. Je ne peux pas être autre chose qu'une licorne. 
- Tu es sûre ? Pourtant, il n'y a pas corne dans ton nom. Je croyais que toutes les licornes s'appelaient "quelque chose corne".
Li se rendit compte avec stupeur que le vieil ours avait raison. Ses amis avaient pour nom Unicorne, Bricorne et Pélicorne ... mais elle s'appelait juste Li.
- Mais alors ... Je ne suis qu'un simple cheval ? Je ne suis pas comme les autres ? demanda Li, de nouveau au bord des larmes. 
-Je ne crois pas que tu ne sois qu'un cheval, bien qu'il n'y ai aucun mal à cela. Tu es différente. D'ailleurs, qu'est-ce que tu as sur le dos ? Ces bosses ? Qu'est-ce que c'est ?
Les larmes de Li coulaient abondamment, elle était effondrée. Elle tourna les sabots et s'éloigna du vieil ours :
- Rien ! Des égratignures. J'ai trébuché tout à l'heure sur Alvin et roulé dans les rochers. 
-Des égratignures, hein ? Bon, tu as eu une rude journée. Va-te reposer, nous reparlerons de tout cela demain.

Sans répondre, Li alla s'allonger derrière un rocher, sur une fine couche d'herbe tendre, bien moins confortable que son bosquet du Lac aux Merveilles. A cet instant seulement, elle pensa à ses parents et se sentit coupable de les inquiéter. Même s'ils n'étaient peut-être pas ses parents, même s'ils lui avaient menti, ils lui manquaient. Elle aurait aimé se serrer contre eux et sentir leur chaleur. Ils n'avaient probablement rien dit pour ne pas la blesser ou alors ... Ne voulant pas vraiment trouver de réponse, elle s'endormit.


A suivre ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire