Les chats de hasard

d'Anny Duperey, Points Seuil.

Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire ce livre. Voilà qui est chose faite ! Si Anny Duperey nous parle aussi de sa vie et son parcours, ce n'est pas ce qui m'attirait le plus. Je voulais surtout lire ce qu'elle disait sur les chats. Si Anny Duperey a réussi à faire le deuil d'un passé douloureux, c'est en partie grâce à ces belles créatures que sont nos petits félins ! Voici quelques passages :

"Les gens qui aiment les chats évitent les rapports de force. Ils répugnent à donner des ordres et craignent ceux qui élèvent la voix, qui osent faire des scandales. Ils rêvent d'un monde tranquille et doux où tous vivraient harmonieusement ensemble. Ils voudraient être ce qu'ils sont sans que personne ne leur reproche rien. 
Les gens qui aiment les chats sont habiles à fuir les conflits et se défendent fort mal quand on les agresse. Ils préfèrent se taire, quitte à paraître lâche. Ils ont tendance au repli sur soi, à la dévotion. Ils sont fidèles à des rêves d'enfant qu'ils n'osent dire à personne. Ils n'ont pas du tout peur du silence. Ils ne s'arrangent pas trop mal avec le temps qui passe, leur songe intérieur estompe les repères, arrondit les angles des années.
Les gens qui aiment les chats adorent cette indépendance qu'ils ont, car cela garantit leur propre liberté. Ils ne supportent pas les entraves ni pour eux-même ni pour les autres. Ils ont cet orgueil de vouloir être choisis chaque jour par ceux qui les aiment et qui pourraient partir librement, sans porte fermée, sans laisse, sans marchandage. Et rêvent bien-sûr que l'amour aille de soi, sans effort, et qu'on ne les quitte jamais. Ils ne veulent pas obtenir les choses par force et voudraient que tout soit donné.
Les gens qui aiment les chats, avec infiniment de respect et de tendresse, auraient envie d'être aimés de la même manière - qu'on les trouve beaux et doux, toujours, qu'on les caresse souvent, qu'on les prenne tels qu"ils sont, avec leur paresse, leur égoïsme, et que leur seule présence soit un cadeau. 
Dans le doute de pouvoir obtenir pour eux-mêmes un tel amour, ils le donnent aux chats. Ainsi cela existe. Ça console.
Les gens qui aiment les chats font une confiance parfois excessive à l'intuition. L'instinct prime la réflexion. Ils sont portés vers l'irrationnel, les sciences occultes. Ils mettent au-dessus de tout l'individu et ses dons personnels et sont assez peu enclins à la politique. (...)
Les gens qui aiment les chats sont souvent frileux. Ils ont grand besoin d'être consolés. De tout. Ils font semblants d'être adultes et gardent secrètement une envie de ne pas grandir. Ils préservent jalousement leur enfance et s'y réfugient en secret derrière leurs paupières mi-closes, un chat sur les genoux. "

"Je ne connais rien de comparable au silence pensif des chats. Il emplit l'atmosphère d'une qualité très particulière. Pour peu que l'on veuille s'arrêter un moment pour être à l'unisson avec lui, ce silence devient contagieux. On le voit, lui, le chat, éveillé et ailleurs, son beau regard fixé devant lui. On s'assoit là, la main posée sur son dos. Le temps soudain suspendu, on se prend, l’œil perdu dans le vague, à laisser erre son esprit, doucement. "

"Je ne connais rien de plus franc et loyal qu'un chat. Simplement, étant d'une complexion nerveuse et psychologique assez sensible, il demande à être rassuré, en totale confiance avec vous et votre entourage. Une fois qu'il est certain que nul ne le brusquera, ne lui mentira, ne changera d'humeur sans raison, n'aura avec lui de rapports de force pervers, il s'épanouira sans problème et deviendra d'une désarmante simplicité."

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire